L’Art de l’annonce

Très chers lecteurs,
Qu’on se le dise, qu’on le crie sur les toits de notre bourg comme l’on sonne la diane dans les bivouacs de la contrebande : l’affiche officielle du grand Événement de la Saison est parue ! Et quelle parution, foi d’honnête gentilhomme ! L’effigie de notre célèbre Louis Mandrin, flibustier des terres dauphinoises, trône en son centre, fier comme Artaban, arborant ce sourire espiègle et frondeur qui nargua jadis la maréchaussée tout entière. Oui, mes amis, le brigand rit, et le peuple rit avec lui.
On croirait presque entendre le froissement de sa redingote de velours noir, l’écho de ses bottes galopant au détour d’un sentier, ou le tintement de l’or frauduleusement sauvé des griffes de l’impôt.
Ô combien cette affiche, peinte avec verve et mise en lumière avec panache, est-elle le prélude visuel d’un événement que d’aucuns nommeraient la grande bacchanale de l’esprit libre ! Qu’on se prépare donc ! Qu’on ajuste sa perruque, qu’on astique son justaucorps, qu’on repoudre ses pommettes et qu’on révise ses couplets car les Mandrinades approchent, et avec elles, une armée de troubadours, camelots, soldats, saltimbanques, et nobles dames au port altier.

Parmi les merveilles attendues, permettez que je lève mon tricorne à une troupe qui n’a point son pareil; un chœur d’hommes, mes bons amis, et quel chœur !
Fondée en l’an deux mil neuf de notre ère, l’honorable association des « Tire bouchons » rassemble aujourd’hui une trentaine de gaillards, fiers chantres des terres et des mers, des tavernes et des terroirs.

Leurs voix profondes et chaleureuses vous conteront les merveilles du patrimoine régional, les ivresses gourmandes de la chanson populaire, les complaintes corses et les ballades russes, sans oublier les douceurs tropicales que l’on goûte en fermant les yeux sous les ombrages de bananiers imaginaires.

Mais ce n’est point tout, non, mes délicats épicuriens des arts vocaux ! Car ces messieurs possèdent également un second visage, une facette plus houleuse, plus celtique, plus embrumée; j’ai nommé le BAB, ou Bar à Bâbord, redoutable escouade de chants bretons, celtiques et marins, à faire tanguer les pavés de la place Alexandre Gagneux comme le pont d’un vieux galion en partance pour l’Île de Sein.
C’est là, précisément, que vous les trouverez, ces joyeux lurons, sur le marché artisanal et ladite place, offrant leur répertoire comme l’on verse un bon vin : avec générosité, avec chaleur, et avec ce petit goût de sel et de mémoire que seules les vraies voix savent faire vibrer.

Ainsi donc, en attendant que le canon tonne, que les poudrières fument et que le grand Mandrin reprenne possession de nos rues pour deux jours de liesse, ouvrez grand vos yeux à l’affiche, vos oreilles aux chants, et surtout, gardez votre cœur en alerte. Car la fête n’attend point les tièdes, elle embrase les âmes ferventes.
Votre dévoué,

Sir Etienne de Saint-Geoirs

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