L’esprit de Noël

Très chers lecteurs,
Voici venu le temps pour le givre de mordre les tuiles moussues des demeures bourgeoises, tandis que le royaume de France s’apprête à fêter la Nativité avec un éclat digne de l’étoile ayant guidé les bergers vers Bethléem voilà deux mille ans.
Il se murmure que nos voisins d’outre-Rhin, ces Allemands si fidèles à leurs traditions, parent leurs foyers d’arbres verts : des sapins ornés de pommes, de rubans et de chandelles. Si Versailles n’a point encore adopté cet usage étranger, quelques nobles esprits d’Alsace, terre frontalière, s’emploient à l’introduire dans leurs salons. Imaginez un instant un tel édifice végétal trônant au milieu des marbres et des ors : le contraste n’en serait que plus enchanteur ! Mais, pour l’heure, le houx et le gui demeurent nos ornements favoris, suspendus à nos portes pour chasser les mauvais esprits et attirer la bénédiction.

La table, mes bien chers est le théâtre par excellence des célébrations de Noël. À la campagne, on rôtit l’oie, ce volatile dodu qui réchauffe les estomacs et les cœurs. En ville, les plus fortunés s’enorgueillissent de mets raffinés : poulardes farcies de truffes, terrines de gibier et entremets délicats ornés de sculptures en sucre. Dans les faubourgs de Paris, les étals des marchands regorgent de pains d’épices et de marrons glacés, des friandises que nul enfant éveillé ne saurait ignorer.
Mais la véritable essence de Noël réside sans nul doute dans la Messe de Minuit, ce moment de recueillement où la foi transcende les clivages sociaux.

Dans chaque paroisse, des cierges vacillants éclaireront demain soir les visages tournés vers un petit enfant blotti dans la paille d’une modeste mangeoire. Les cantiques résonneront sous les voûtes gothiques, et même les cœurs les plus endurcis se laisseront toucher par la grâce. Les plus nobles familles se mêleront aux paysans, unies par une même dévotion.

Nonobstant la piété ambiante, Versailles ne saurait oublier son amour des intrigues et des festivités mondaines. Les dames de la cour rivalisent d’ores et déjà d’éclat dans des robes de soie brodées d’or et d’argent. Une rumeur court que Madame de Pompadour elle-même prépare un bal masqué aux thèmes pastoraux, où bergers et bergères d’opérette viendront éblouir les convives par leurs danses graciles. Mais prenez garde, chers lecteurs, à ne point vous laisser happer par la frivolété au détriment de l’esprit de Noël ! Car si le faste amuse, c’est la foi qui élève, et l’échange de modestes dons entre voisins, bien que moins reluisant, n’en est que plus noble. Ainsi se vit le Noël de notre temps, à la croisée des traditions sacrées et des influences profanes. Que vous soyez à l’ombre des grands hôtels ou dans la chaleur d’une chaumière, souvenez-vous que la véritable magie ne se trouve ni dans les ors ni dans les festins, mais dans la joie partagée et la lumière de l’Espérance.
Joyeux Noël,

Sir Etienne de Saint-Geoirs

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