L’Ultime Chronique

Très chers et bien aimés lecteurs,

Nous voici assis sur les cendres encore tièdes d'un rêve incandescent. 

Il reste, au matin, ce silence un peu vacillant des jours trop beaux.

La ville semble se souvenir. Un soupir de soie flotte encore entre deux balcons. Un rire d’enfant s’attarde au coin d’une ruelle. Un parfum d’encens, de poudre, de cuir tanné, d’hydromel versé dans des verres d’étain. Quelque chose s’est levé, ici, il y a peu et ne redescendra plus tout à fait.

J’ai vu, de mes yeux trop clairs, la foule devenir ruisseau, rivière, marée ; une marée douce, ourlée de plumes et d’étoffes, ruisselante de visages éblouis, d’âmes nues et offertes sous les dentelles d’apparat. 

Il n’y avait plus d’heure. Le sablier s’était renversé sans que le temps ne s’en offusque. Ils étaient là, tous : les passants, les danseurs, les inconnus au regard lumineux, les princesses aux souliers crottés, les enfants jouant au roi et les vieillards redevenus enfants.

Et la lumière dansait avec eux. À la tombée du jour, les chevaux, une fois encore, ont paru. Ils flottaient. On aurait dit des souvenirs d’enfance, tout droit sortis d’un vieux livre, leurs sabots effleurant la terre comme s’ils craignaient de réveiller le réel. Leurs yeux brûlaient de feu, de torches et d’étoiles. Il y eut des flammes, des crinières, des ailes. Il y eut le ciel qui s’ouvrit pour laisser tomber mille éclats d’or et de feu. Et dans les ruelles, les chansons se répondaient comme des oiseaux ivres. Depuis les chars, on s’aspergeait d’eau fraiche de juillet, on lançait des présents, des chants, des promesses. Les tavernes bourdonnaient comme des ruches.

Ce fut une fête merveilleuse, une offrande. Un don fait à l'Histoire, au ciel et aux racines. Et tout cela porté, soulevé, offert par des mains invisibles et vaillantes : par les couturières aux doigts de lune, par ceux qui préparent pour que d’autres regardent, par les visages cachés sous les tricornes, les chasubles, les tabliers.

Par les élus et les agents debout dans la fatigue, par les bénévoles au sourire qui ne s’effrite pas, par les enfants de nos quartiers et des communes voisines, par les visages anonymes qui tendent un verre, plantent un clou, ramassent un papier dans la nuit tombée. Par ces dons généreux sans qui ce voyage n'aurait été possible, par ces âmes vaillantes veillant à la sécurité et à la santé de chacun… Des dizaines de milliers d’âmes son venues goûter ce que le monde oublie parfois : la beauté gratuite, la joie offerte, la fraternité sans programme, le rêve partagé entre deux pavés anciens.

Aujourd’hui, tout est rangé. Le bourg est redevenu sage, mais chacun repart avec un peu de vertige dans le cœur, une poussière d’étoile au coin des cils. Avec cette ultime Chronique, vous trouverez non  pas un mot de plus, mais un morceau de ruban. Celui-là même qui fut tranché à l’aube de cette parenthèse par les mains conjuguées d’un Maire, d’une Présidente et d’un Ministre. Gardez-le. Il sait tout. Il se souvient pour nous. 

L’été peut venir et avec lui les doux embruns d'un silence et d'un repos bien mérités. 

Tout le bonheur du monde,

Sir Etienne de Saint-Geoirs

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