Mémoire Vivante !

Très chers Lecteurs,
Je me hâte de prendre la plume pour vous narrer un prodige de notre temps, une sorte de miracle rustique savamment orchestré, qui se déroule silencieusement au coeur d’une grange de notre bourgade, là où la mémoire se fait matière, et le passé, théâtre vivant. Je parle, vous l’aurez deviné, des Georges Antonin, société de cœurs vaillants et de mains savantes, dédiée à la résurrection d’un monde que l’on croyait disparu, enseveli sous les cendres du Progrès.

À l’occasion du Grand Événement de la Saison, nos amis des Georges Antonin ont résolu de mettre le paquet, si j’ose ainsi m’exprimer en des termes peu usités par la Noblesse, mais fort expressifs.
Leur dessein est noble : préserver la mémoire du patrimoine rural, ressusciter les métiers oubliés, redonner souffle et dignité aux gestes de nos aïeux. Et ce ne sont point de vaines promesses ! Voyez plutôt : une exposition sur Mandrin lui-même se dresse fièrement dans le cabinet de lecture intercommunal, parée de décors d’époque reconstitués avec soin.

Mais le clou de leurs travaux — ô réjouissance ! — c’est sans doute ce char fantastique, image d’un moulin d’antan, complet de sa roue à aube, qui déambulera dans le défilé comme une relique vivante, sous les regards ébahis du peuple en liesse.
Et que dire du village des métiers anciens ? Là, mes chers amis, vous vous régalerez d’une soupe à l’ancienne, dont l’odeur seule ranimerait un cardinal électeur en train se s’assoupir en plein Conclave !

Pain et brioches, quant à eux, seront cuits sur place dans un four à bois, sous l’œil vigilant de ces artisans passionnés qui ne laissent rien au hasard, sauf, peut-être, le charme de l’improvisation champêtre.

Les anciens métiers, que l’on croit à jamais relégués aux gravures des almanachs, revivent entre les mains de ces gens de savoir : charrons, vanniers, forgerons, et fileuses de laine, tous se retrouveront là, en habits de leur condition, animant leurs étals, échangeant contes, tours de main, et sourires entendus.

Enfin — et ceci achèvera de convaincre les plus tièdes — une église en plein air s’élèvera, pour accueillir la Messe des Mandrinades sous un ciel bleu et un soleil radieux. Ô spectacle ! Qu’un abbé y vienne dire l’office entre deux pressoirs, et voilà toute l’âme de nos campagnes réunie dans une beauté digne de la Chapelle Sixtine !

Ainsi vont les Mandrinades, vaste fresque où l’Histoire se fait vivante, et le présent, humble élève du passé. À ceux qui penseraient que le monde moderne n’a plus rien à apprendre de ses racines, je dirai : « Allez voir les Georges Antonin, et vous en reviendrez changés. »
Avec élégance,
Votre dévoué,

Sir Etienne de Saint-Geoirs

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