Un poisson bien frais

Très chers lecteurs,
Il est des jours où l’esprit frivole de nos contemporains s’autorise quelques folies ; où l’aimable société s’adonne à des jeux d’esprit qui, s’ils ne sont pas toujours de la plus fine élégance, savent du moins égayer les salons et les ruelles.
Le Premier Avril que nous avons vécu hier en est assurément l’apothéose. Mais d’où vient cette singulière coutume de mystifier ses semblables en ce jour printanier ?

L’on prétend que cette facétieuse tradition puise ses racines dans la réforme du calendrier décrétée par le roi Charles IX en l’an de grâce 1582. Jusqu’alors, le jour de l’An était célébré aux alentours du 1er avril ; mais le souverain, suivant les injonctions du pape Grégoire XIII, établit qu’il débuterait désormais au premier janvier. Hélas ! quelques esprits obstinés, par habitude ou par raillerie, persistèrent à s’échanger des présents et à fêter l’ancienne date, devenant ainsi la risée des espiègles qui se plaisaient à leur adresser de fausses invitations ou à leur offrir de bien étranges présents, tels que des poissons de papier accrochés discrètement à leur pourpoint. Ainsi naquit, dit-on, notre fameux Poisson d’Avril.

À l’heure de notre bon siècle, la mode de cette mystification ne se dément point. L’illustre Voltaire, dans l’une de ses correspondances, s’est récemment moqué de cette pratique qu’il qualifie de “réjouissance populaire dépourvue de raison mais non de malice”. Un commentaire qui n’a pour autant pas fait fléchir les dignitaires de notre cité qui n’ont point hésité à informer les habitants que les candélabres resteraient allumés la journée durant, en prévision d’une éclipse solaire plongeant le bourg dans l’obscurité la plus totale… un heureux poisson d’avril, vous en conviendrez.
Aussi, mes chers, songez, lorsque ce jour viendra de nouveau, à vous méfier des missives trop flatteuses, des annonces extravagantes et des présents douteux, car il se pourrait que l’on tente de faire de vous les héros involontaires d’une plaisanterie bien sentie !

Mais trêve de badinage ! Il est une annonce que nul n’oserait tenir pour mensongère : la prochaine et trentième édition de ces Chroniques s’annonce des plus spéciales ! Ce sera l’occasion tant attendue de lever le voile sur la programmation du Grand Événement de la Saison, révélant aux plus impatients les festivités qui enchanteront notre belle cité lors de cette parenthèse estivale tant espérée.

Et pour parfaire cette célébration, j’ai le plaisir de vous annoncer la réédition, en exemplaires fort limités, des trente premières Chroniques de notre bonne Société. Une occasion rêvée pour les collectionneurs de la dernière heure de compléter leur collection et de se procurer les éditions qui auraient pu échapper à leur vigilance.
Rendez-vous donc pour cette 30ème édition, où éclat et surprises seront au rendez-vous !
Votre dévoué,

Sir Etienne de Saint-Geoirs

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