Une histoire de tuyauterie

Très chers lecteurs,

Qu’il est plaisant, lorsque l’on a l’estomac bien rempli et le teint frais, de discourir sur les grandes affaires du monde, de disserter sur l’amour, la vie et les intrigues de cour ! Hélas, trop souvent, nous négligeons un sujet autrement plus fondamental : l’entretien de nos entrailles.
Or, permettez que j’aborde un sujet que la pudeur de notre siècle oserait reléguer dans l’ombre des alcôves : celui du bon entretien de nos tripes. Que celui qui n’a jamais eu à se soucier des humeurs de son intestin me jette la première perruque ! Hélas, mes biens chers amis, le mal insidieux que l’on nomme en termes doctes cancer colorectal fait nombre de victimes, et ce, sans considération de rang ni de particule.

Il faut bien l’admettre : si les Lumières ont dissipé les ténèbres de l’ignorance, il demeure en nos sociétés policées une grande ombre, un tabou persistant que l’on n’ose aborder sans rougir sous sa poudre de riz. On parlera sans vergogne des récits croustillants du dernier souper chez Madame la Duchesse, mais évoquer les nécessités de la tuyauterie interne fait se détourner les visages et s’éventer les dames. Pourtant, mes bons amis, l’affaire est sérieuse !

Sans étiquette ni révérence, ce mal s’invite chez vous sans prévenir et, comble d’impolitesse, il vous prend en traître ! Mais rassurez-vous car ils sont désormais terminés ces âges obscurs où l’on croyait que l’humeur bilieuse s’évacuait à force de saignées et d’emplâtres.

Nul besoin donc de s’en remettre aux purgatifs d’un apothicaire trop zélé, ni de se soumettre aux exorcismes médicinaux qui faisaient jadis la renommée des plus baroques thérapeutes de notre bon royaume. La médecine nous offre aujourd’hui une arme de choix : le test immunologique.
Un nom fort pompeux, me direz-vous ? Que nenni ! C’est une invention admirable, un petit examen d’une discrétion toute aristocratique qui, en un rien de temps, vous permet de détecter ce que votre intestin n’ose vous avouer.

Et, tenez-vous bien, l’affaire est d’autant plus séduisante qu’elle ne vous coûtera pas un denier ! Dès l’âge de cinquante ans et jusqu’à votre soixante-quatorzième printemps, ce précieux viatique vous est offert par la grande Compagnie de l’Assurance Maladie, qui se soucie visiblement de vos arrières avec plus d’attention que vos domestiques. Il vous faudra le renouveler tous les deux ans, ce qui, convenons-en, est un moindre effort comparé aux six heures que vous passez à choisir le bon ruban pour assortir votre habit…
Ainsi, mes chers lecteurs, que ce mois de Mars teinté de Bleu soit non seulement celui de l’élégance mais aussi celui de la prévention !
Dépistez-vous, et encouragez vos amis à en faire autant. Car s’il est une chose plus désagréable qu’un scandale mondain, c’est bien une négligence intestinale qui se retourne contre vous.
Votre dévoué,
Sir Etienne de Saint-Geoirs

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