Vive le vent
Qu’il m’aurait été doux de contempler, vendredi dernier, cette foule emmitouflée, haletante de curiosité et d’impatience, rassemblée devant les portes de l’Hôtel de Ville. On m’a rapporté que plusieurs dizaines de silhouettes se faufilaient dans le froid mordant et l’obscurité, leurs souffles visibles tels des volutes d’encens, leurs regards suspendus à l’horloge, suppliant les aiguilles de céder au temps afin de hâter l’accès à mon secrétaire.
Une fois parvenu jusqu’à lui, chacun découvrit « La Belle Collection » : douze chroniques soigneusement rééditées et enveloppées de leurs plus riches atours, prêtes à être feuilletées avec délectation au coin du feu. Voilà de quoi compléter ou, pour certains, débuter une collection digne d’orner une bibliothèque privée !
Parmi ces rééditions, certains ont eu la chance de déceler, à l’arrière de la couverture, une brève citation griffonnée à la plume, rédigée de ma main, tel un éclat d’âme offert à ces pages, une modeste étincelle destinée à enflammer les cœurs épris de poésie. Mon esprit, joueur, me susurre de poursuivre ces ajouts d’annotations impromptues, au dos de Chroniques tirées au hasard…. Aussi ne puis-je que vous inviter à rester aux aguets, prêts à les surprendre à chaque verso.
Mais revenons-en aux actualités du moment. Notre bourgade s’est récemment embrasée d’un tout autre éclat : celui du marché de Noël.
Les parfums capiteux de chocolat chaud et de vin épicé dansaient dans l’air, disputant leur place aux fumets audacieux du fromage fondu. Un peu partout, les artisans dévoilaient leurs trésors : bougies sculptées, bijoux chatoyants et étoffes délicates.
Les rires cristallins des enfants, glissant avec grâce sur le sol glacé des Halles, se mêlaient à la mélodie des chœurs entonnant des chants traditionnels. Enfin, lorsque le crépuscule enveloppa la ville de ses sombres ailes, vint l’heure pour le ciel de s’embraser d’un feu d’artifice majestueux.
Au fait, avez-vous, vous aussi, découvert dans votre coffret à correspondances le même pli que celui qui m’est parvenu ?!
Discrètement déposées de boîte en boîte, d’élégantes invitations, gaufrées et scellées de l’estampe des Mandrinades, convient les habitants à une grande cérémonie des vœux. Une soirée, murmure-t-on, qui fera office de prélude au Grand Événement de la Saison, promettant émerveillements et réjouissances pour inaugurer une année d’exception. Venez parés de « l’éclat du XVIIIe siècle », peut-on lire… Mon petit doigt me dit que nous ne serons pas déçus.
Il me tarde déjà…
Avec élégance,
Votre dévoué,
Sir Etienne de Saint-Geoirs