Le Château Fassion
Nous ignorons qui a bâti la Maison Forte, au début du XIVe siècle, mais ce qui est certain, c’est que cet ensemble architectural a été édifié en deux temps, au minimum, une première partie de forme parallélépipédique, un carré presque parfait comme l’étaient la plupart de ces constructions, la maison forte initiale, édifice militaire situé a proximité du mur d’enceinte de Saint Etienne de Saint Geoirs (ce mur traversait le parc actuel du sud-ouest au nord-est), à cette époque le bâtiment était probablement un peu plus élevé.
Des restes de fenêtres à arcature en ogive romane sont encore bien visibles sur les façades. Les planchers ont été abaissés, les traces en sont bien visibles a l’intérieur des greniers. Tout d’abord fût la maison-forte initiale construite très probablement de 1335 à 1340 appartenant au seigneur de la forteresse, Antoine de Boniface. Cet édifice dont la vocation première à été défensive, l’a perdu avec l’arrivée des canons. En 1540 ? Isabelle de Boniface (qui l’avait surement héritée de son père) vend sa maison forte dite “du reconnaissant” au Chevalier Éstienne de Fassion, sieur de Mantonne, qui entreprend, probablement a un mètre de celle-ci, la construction de l’aile Nord qui comprendra deux tours (l’abattage des arbres pour les poutres de la charpente eut lieu au printemps 1542) et laissera son nom à l’édifice le château de Fassion.
Il est vraisemblable que certaines parties de cet ensemble ont reçu des modifications au XVIIe et au XVIIIe siècle, notamment les charpentes et transformations intérieures. Les fenêtres à meneaux de la tour hexagonale et celle du grand salon ont été conservées. Nous avons vu précédemment qu’Estienne de Fassion avait entrepris de bâtir son château et ce, peu de temps après l’achat de la Maison-forte en 1540. Pour une famille riche et noble une modeste Maison-forte ne présentait pas beaucoup d’éclat et d’intérêt d’où la décision de la démolir après avoir édifié son château.
Mais Estienne n’eut pas le loisir de le faire, ayant été fauché par la mort en 1556, (il profita de son château peu de temps en fait 15 ans tout au plus). Ayant légué sa propriété a son ami, le prieur de Saint Etienne de Saint Geoirs, Guigues Chalan, l’histoire se fait alors discrète sur les successeurs de ce dernier, mais il est fort probable que vu l’état des finances du clergé de province, Guigues s’en sépara rapidement. Se succédèrent alors au cours des siècles suivants, la famille du baron Etienne de Ponat, la famille de Barral, puis au cours du XVIIIe siècle, nous voyons apparaître dans les archives, la famille Berlioz, Joseph, le Trisaïeul, bourgeois, marchand, et consul moderne, du très célèbre compositeur Hector Berlioz, acheta le domaine en 1750 (joseph est né en 1700 et décédé en 1779) il avait 50 ans. Ils conserveront le château jusqu’en 1840.
Mais revenons un peu a nos moutons, si l’on peut dire, il est possible que ce soient les Berlioz qui aient fait faire des travaux d’agrandissements, visant a relier les deux bâtiments séparés de seulement d’un mètre. Ou bien ces transformations ont-elles eu lieu plus tôt au XVIIe siècle, personnellement nous ne le croyons pas. On demanda donc aux maçons de pratiquer une ouverture dans le pignon sud du château et de même dans le pignon nord de la maison-forte. Afin de pouvoir passer de l’une a l’autre. Grosse surprise, les ouvriers se retrouvèrent travaillant dans le château sur le plancher du grenier après le percement, avec le plancher correspondant de la maison forte a la hauteur des yeux, que faire ? Et bien le plus simple et le moins couteux, on va abaisser tous les planchers et les mettre au même niveau que ceux du château. Le sol du grenier fût donc abaissé d’environ un mètre.On en profitera également pour, cédant a la mode de l’époque, enlever les jolies tomettes rectangulaires qui pavaient pièces de réception et chambres, et les remplacer par du parquet point de Hongrie, plus mode (pas de petites économies, tout pour l’apparence, celui-ci fut fait en sapin) ces tomettes ont été retrouvées utilisées en pavement dans les greniers. Les belles pièces aux magnifiques plafonds “à la française” en chêne furent cloisonnées afin d’en faire plusieurs a l’intérieur. Les grandes cheminées monumentales de l’époque Gothique furent démolies (il n’en reste aucune, malheureusement).
L’on déposa les meneaux des chambres pour les remplacer par de grandes fenêtres vitrées, typiques de l’époque classique, qui laissaient rentrer plus abondamment la lumière. Bref, de l’orgueilleux château d’Estienne, du début du XVIe, que restait-il ? Le château de Fassion appartient actuellement à Madame Cuvelier de Presle.
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